Page:Vicaire - Au pays des ajoncs, 1901.djvu/94

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Elle écume, elle bave, elle grince des dents,
Elle hurle, elle bout, elle est en male rage.
C’est l’esprit monstrueux qui déchaîne l’orage,
La reine au cœur glacé du royaume des morts,
Celle qui sans pitié, sans haine, sans remords,
Pour engloutir le monde ouvre ses bras de goule.
Et tout est noir, et tout chancelle, et tout s’écroule.
Sur le gouffre infini passe un souffle infernal.
Vite, bon sémaphore, arbore ton fanal.

V


Et des roses, partout, partout des roses blanches,
Roses de tous les jours et roses des dimanches,
Le tranquille pays s’en embaume au lointain !
Roses du soir, roses du jour et du matin,
Roses de l’aurore et du divin crépuscule,
Roses qui précédez la morne renoncule,
Vous fleurissez la lande où je suis prisonnier.
J’entends, ravi, votre langage printanier,
Vous gardez un reflet du gai soleil de France,
Et je sais qu’après tout vous parlez d’espérance.
Roses de la cellule où je suis enfermé,
Vous dites qu’il est toujours bon d’avoir aimé.
Roses, merci. Gardez mon cœur ; je vous le donne.
Roses d’hier, roses d’été, roses d’automne.