Page:Vicaire - Au pays des ajoncs, 1901.djvu/96

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Entre la mer fleurie au loin et la montagne.
De grands arbres touffus avec un filet d’eau.
Derrière, sans recteur, sicaire ni bedeau,
Une toute mignonne et rustique chapelle,
Saint-Gorgon, c’est l’étrange nom dont on l’appelle.
Dieu ? cette solitude et ce calme enchanté.
Le saint trône au dedans. Il est représenté
Tenant l’épée en main comme un homme de guerre.
« Gorgon, dis-je à Jacquot, je ne le connais guère.
Quel est donc cet élu qu’on ne voit pas ailleurs ? »
Et Jacquot me répond : « Le roi des artilleurs. »

VIII


Un autre brave saint, Duzec, est à deux pas,
Fort aimé de la Vierge et des gens de là-bas.
J’aurais peine, je crois, à conter son histoire.
Mais rien n’est plus joli que son grêle oratoire
Et sa source d’eau vive où s’est baigné le roi.
Nous lui rendîmes nos devoirs, Jacquot et moi.
Pas de près. Le bon saint se celait. Mais qu’importe,
Puisqu’une tirelire était contre la porte,
Qu’on écriteau disait, gaiement peinturluré :
« Donnez à saint Duzec. Il vous en saura gré. »
J’allais obtempérer à ce conseil honnête,
Quand Jacquot : « Oh ! monsieur, oh ! que vous êtes bête !