Page:Vicaire - Au pays des ajoncs, 1901.djvu/97

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Saint Duzec est au ciel, il n’a besoin de rien.
Mais moi j’ai toujours soif et je suis bon chrétien.
N’ai-je pas un beau nez au milieu du visage ?
Donnez-moi les deux sous ; j’en saurai faire usage. »

IX


Que je plains saint Guirec ! Il ne sait que sourire.
Mais comment sans pitié dire son long martyre !
Il reste crânement campé sur son rocher.
Oui, mais la mer est basse ; on pourra l’approcher.
Et les mille fleurs d’or et les mille amoureuses,
Les belles sans ami, dame ! elles sont nombreuses,
Lui piquent une épingle au beau milieu du nez.
Certes je suis hostile à ces us obstinés,
Bien qu’un peu parpaillot, ce vieux saint me fait peine.
Mais on se mariera, la chose est très certaine,
Avant qu’il soit un an, à la grâce de Dieu,
Et cela vaut, ma foi, qu’on s’émancipe un peu,
Je crois entendre au loin de merveilleuses cloches
Et l’argent trébuchant et clair qui sort des poches.
Allons, laissons passer ce bon peuple falot,
— Et saint Guirec sourit toujours, les pieds dans l’eau.

X


Au cabaret du coin nous sommes attablés.
Mais qu’allons-nous bien boire en regardant ces blés ?