Page:Vicaire - Au pays des ajoncs, 1901.djvu/98

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« Le cidre, que c’est fade ! on n’en a guère envie.
Parlez-moi, s’il vous plait, de la bonne eau-de-vie
Qui grince et vous écorche, en passant, le palais.
Ah ! voilà qui vous met au cœur des oiselets.
Voilà qui vous fera raisonner comme un livre,
Voilà, fussiez-vous mort, qui vous enseigne à vivre.
Vraiment, par saint Guirec, monsieur, je vous le dis,
C’est la benoîte Vierge au seuil du Paradis. »
— « Soit, commandez, mon brave et tant pis pour ma tête. »
Le gwin-ardent coule à pleins bords ; c’est la grand’fête.
Un merveilleux soleil s’allume à l’Orient,
Et Notre Dame nous regarde en souriant
Comment faire nous deux pour retrouver la porte ?
Bah, si nous titubons un tant soit peu, qu’importe ?
Il faut bien, si l’on veut n’être de mauvais ton,
Se griser, quand on a l’honneur d’être Breton.

XI


Francine a la gaieté d’une petite folle,
Francine a la fraîcheur du matin qui s’envole,
Francine a la candeur de la nuit qui descend.
Son tendre cœur, j’en jure, est encore innocent.
Quand sur la lande en friche elle garde ses vaches,
On rêverait, à ses côtés, d’être à l’attache.