Page:Vicaire - L’Heure enchantée, 1890.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


« Allez promptement. Le Sauveur est né,
Parmi les pasteurs, au fond d’une crèche. »
La brise souffla, divinement fraîche,
Et tout le palais fut illuminé.

Ils ont pris congé de la reine brune
Dont la bouche en fleur a soudain pâli.
Ils ont embrassé l’héritier joli ;
Les voilà partis dans la nuit sans lune.

Ils vont, galopant par monts et par vaux,
Franchissant les bois et les chènevières ;
Ils sautent d’un bond fleuves et rivières,
Et la terre tremble sous leurs chevaux.

Ils vont. Leurs manteaux traînent sur la brande
Où filent gaiement par les prés mouillés.
Trente petits nains, de rouge habillés,
Sur des coussins verts portent leur offrande.

Et toujours, loin, loin dans le firmament,
Une étoile brille et les accompagne.
Sa douce lueur endort la campagne,
Sous la nuit sans lune, ineffablement.

Voici qu’en pleins champs apparaît l’étable.
L’étoile s’arrête et la troupe aussi.
« Holà, font les Rois, entrons. C’est ici
Que nous trouverons l’enfant délectable. »