Page:Vicaire - L’Heure enchantée, 1890.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


— « Madeleine du vert printemps,
Que dis-tu, belle pécheresse ? »
— « Ô Seigneur, voyez ma détresse ! »
— « Tu resteras encor sept ans. »

Et de nouveau chaque heure passe
D’un pied traînant comme l’ennui ;
Et le jour succède à la nuit
Du même pas que rien ne lasse.

Les yeux tournés vers l’Orient,
Madeleine voit chaque année
Jeter sa couronne fanée
Au vent qui l’effeuille en riant.

Sous le soleil et sous la pluie,
Au souffle gelé des hivers,
Comme la fraîcheur des prés verts,
Sa beauté s’est évanouie.

C’est fini de sa chair en fleur,
Si délicate et diaphane.
Comme une rose qui se fane.
Son doux visage est sans couleur.

Sa bouche heureuse, fraîche et gaie,
A perdu son rire éclatant ;
On voit en son œil pénitent
S’alanguir l’âme fatiguée.