Page:Vicaire - L’Heure enchantée, 1890.djvu/73

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Le vieux baron monte à la tour
D’où si souvent la châtelaine
Contempla la mer et la plaine
Avec le soleil à l’entour.

Il a, d’une main toujours sûre,
Brisé les meubles précieux
Qu’aimaient à regarder ses yeux,
Ses yeux où flambe la luxure.

Il met en pièces le grand lit
Tiède encor de leur hyménée,
Où, depuis l’heureuse journée,
Tant d’amour est enseveli.

Le miroir qui l’a reflétée,
Il l’écrase sous ses talons,
Le miroir où ses cheveux blonds
Faisaient une brume enchantée.

— « Au vent, oiseaux de paradis,
Au vent, joyaux de l’infidèle,
Au vent, vous tous qui parlez d’elle,
Au vent, au vent ! Je vous maudis !

« Qu’on apporte l’or et la soie,
Complices de sa trahison,
Son livre d’heures, son blason,
J’en veux faire un grand feu de joie !