Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/102

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ils le méritaient ; je ne veux pas les recommencer ici, et perdre du temps à détailler, plus que de raison, ces voyages d’un enfant. Les pays, d’ailleurs, sont assez connus. Je ne dirai donc rien, ou fort peu de chose, des différentes villes que je visitai en Vandale, étranger aux beaux-arts, et ne parlerai que de moi, puisque, après tout, c’est là le malheureux sujet que j’ai entrepris de traiter dans cet ouvrage.

Peu de jours nous suffirent pour nous rendre à Bologne, en passant par Plaisance, Parme et Modène. Nous ne nous arrêtâmes à Parme qu’un seul jour, et à Modène quelques heures, toujours pour ne rien voir, selon l’ordinaire, ou fort vite et très-mal ce qui méritait d’être vu. Le plus grand plaisir, et même le seul que je goûtasse dans ce voyage, c’était de me retrouver courant la poste sur les grandes routes, et de faire le plus de chemin que je pouvais à cheval, en courrier. Bologne, avec ses portiques et ses cloîtres, ne m’enchanta pas ; pour ses tableaux, je n’y entendais rien. Sans cesse talonné par je ne sais quel besoin de changer de place, j’étais pour notre antique précepteur un perpétuel aiguillon qui toujours le pressait de se remettre en route. Nous arrivâmes à Florence à la fin d’octobre, et ce fut, depuis le départ de Turin, la première ville qui me plut par sa position ; mais elle me plut moins que Gènes, que j’avais vue deux ans auparavant. Nous nous y arrêtâmes un mois ; et là aussi, poussé par la renommée du lieu, je commençai à visiter, tant bien que mal, la galerie, le palais Pitti et dif-