Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/106

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points illustrés par l’histoire romaine, qui, bien que mal apprise et sans ordre, m’était suffisamment connue et présente dans son ensemble : c’était en effet la seule histoire dont j’eusse consenti à apprendre quelque chose dans ma première jeunesse.

Enfin, un certain jour de décembre 1766, je vis cette Porte du Peuple, après laquelle je soupirais. Depuis Viterbe, la misère et la nudité du pays m’avaient fort mal disposé ; mais cette superbe entrée me rendit mon courage, et enchanta mes regards. A peine étions-nous descendus à la place d’Espagne, où nous devions loger, que mes trois beaux jeunes gens, laissant leur précepteur se reposer, se mettent à courir tout le reste du jour pour visiter à la hâte, entre autres choses, le Panthéon. Mes compagnons se montraient en somme plus émerveillés de ces chefs-d'œuvre que je ne l’étais. Quelques années plus tard, ayant vu leurs pays, j’ai compris aisément pourquoi leur enthousiasme l’emportait si fort sur le mien. Nous ne demeurâmes cette fois à Rome que huit jours, pendant lesquels nous ne fîmes que courir pour apaiser cette première ardeur de notre impatiente curiosité. Pour moi, j’aimais beaucoup mieux retourner à Saint-Pierre jusqu’à deux fois le jour que de voir des objets nouveaux. Et je dois remarquer ici que cette éclatante réunion de choses sublimes me frappa moins au premier abord que je ne l’aurais cru et désiré ; mais ensuite mon admiration allait toujours croissant : il y a plus, je n’ai