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Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/120

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vents de l’équinoxe et des solstices ; vers le soir, infiniment moins de pénétration que le matin ; enfin beaucoup plus d’imagination, d’enthousiasme et de promptitude à concevoir, au cœur de l’hiver et sous le feu de l’été, que pendant les saisons intermédiaires. Cette matérialité de ma nature, qui d’ailleurs se retrouve plus ou moins, je crois, chez tous les hommes dont la fibre est délicate, a singulièrement rabattu et anéanti en moi l’orgueil qu’aurait pu me donner ce que j’ai voulu faire de bien, comme aussi elle m’a soulagé en grande partie de la honte d’avoir fait si mal, surtout en poésie. Je me suis pleinement convaincu qu’à certaines époques données il n’est pas, pour ainsi dire, en mon pouvoir de faire autrement.


CHAPITRE IV.

Fin du voyage d’Italie. — Mon premier voyage à Paris.

En somme, le séjour de Venise m’ennuya plus qu’il ne me divertit. Je n’en recueillis aucun fruit. Uniquement agité de la pensée du voyage que j’allais faire au-delà des monts, je ne visitai pas la dixième partie seulement des chefs-d’œuvre de peinture, de sculpture, d’architecture, que Venise a réunis en si grand nombre. Il suffira de dire, à ma