Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et débarquant à Hanvich, après une heureuse traversée, je fus à Londres en peu de jours. J’y retrouvai presque tous les amis que j’avais fréquentés à mon premier voyage, entre autres, le prince de Masserano, ambassadeur d’Espagne, et le marquis de Caraccioli, ministre de Naples, homme d’une sagacité rare et d’une ingénieuse vivacité. Ces deux personnes me témoignèrent plus qu’une affection de père pendant les six mois que je demeurai cette fois à Londres, et où je me vis engagé dans certaines circonstances singulières et scabreuses, comme on le verra tout-à-l’heure.






CHAPITRE X

Nouvel et terrible accident d’amour.


1771. Dès mon premier séjour à Londres, je n’avais pas vu sans plaisir et sans émotion une très-belle personne d’un rang élevé, dont l’image, sans doute entrée à mon insu dans mon cœur, avait fort contribué à me faire alors trouver tant de charme et d’agrément à ce pays, et augmentait encore maintenant le désir qui m’y ramenait. Néanmoins, quoique cette beauté m’eût témoigné alors assez de bienveillance, mon naturel sauvage et fantasque m’avait préservé de ses fers. Mais à mon retour, étant un peu plus civilisé et plus capable d'aimer, assez peu