Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/254

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J’évoquais ensuite des sombres bords cette reine elle-même, avec quelques autres héroïnes de tragédie, et elles prononçaient mon arrêt sur ma composition, en la comparant à quelques autres mauvaises tragédies de ces poètes, mes rivaux, qui, toutes assurément pouvaient bien passer pour des sœurs de la mienne ; avec cette différence toutefois que les tragédies de ces gens-là étaient le fruit déjà mûr d’une incapacité toute formée, tandis que la mienne était l’œuvre prématurée d’une ignorance capable d’apprendre.

Ces deux compositions furent applaudies pendant deux soirées consécutives. On les redemanda une troisième, mais j’avais eu le temps de revenir à moi-même, et me repentant avec sincérité de m’être ainsi témérairement livré au public, bien qu’il m’eût témoigné beaucoup d’indulgence, je fis tous mes efforts auprès des acteurs et de celui




trez-vous, suivez l’instinct d’Apollon, et ne rougissez jamais.

ZEBZ1PPE.

Je suivrai ce conseil, aussi bien votre exemple est plus éloquent encore que vos flatteuses paroles. Mais à la cour nous nous attaquons l’un et l’autre; nous sommes poètes tous deux, tous deux tragiques mauvais, tous deux peut-être nous ne pouvons nous aimer ; mais nous pourrions nous entr’aider si chacun de nous voulait parler franchement des productions de l’autre, et avec cette discrétion charitable et fraternelle que d’ordinaire les auteurs ont entre eux, etc.

Jem’arrête. Je n’ai plus de place, et en voilà déjà trop (A).