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Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/352

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trayantes ne me charmèrent pas moins que l’avait toujours fait la perfection de ses vers dans sa traduction d’Ossian. De Padoue je retournai à Bologne, en passant par Ferrare, où je voulais accomplir mon quatrième pèlerinage poétique, en y visitant la tombe et les manuscrits de l’Arioste. J’avais plus d’une fois visité à Rome celle du Tasse, ainsi que son berceau à Sorrente, où j’étais allé tout exprès pour cela, dans mon dernier voyage à Naples. Ces quatre poètes de l’Italie étaient alors, ils sont encore et seront toujours pour moi les premiers, je dirais même les seuls de cette admirable langue. Il m’a toujours paru que l’on trouvait en eux tout ce que peut humainement donner la poésie, moins cependant le mécanisme du vers blanc de dialogue; mais on peut le tirer de la matière qu’ils ont employée, et le reconstruire en le façonnant d’une autre manière. Voici seize ans que ces quatre grands maîtres sont journellement dans mes mains, et ils me semblent toujours nouveaux, toujours meilleurs dans ce qu’ils ont d’excellent, j’ajouterai toujours très-utiles dans ce qu’ils ont de plus mauvais. Car je ne suis ni assez aveugle ni assez fanatique pour, soutenir qu’ils n’ont pas tous les quatre leurs endroits médiocres ou mauvais ; mais je dirai qu’il y a encore beaucoup à apprendre, je dis beaucoup, là où ils ont failli. Mais il faut pour cela savoir pénétrer dans le secret de leurs motifs et de leurs intentions ; car ce ne serait pas assez de les comprendre et de les goûter, si on ne les sentait.

De Bologne, toujours pleurant, rimant toujours,