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Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/372

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répondis sans la moindre hésitation que je retournais en Toscane pour y continuer mes études et l’impression de mes ouvrages ; que j’avais trente-cinq ans ; que c’était un âge où l’on ne pouvait plus guère songer à prendre une direction nouvelle, et qu’ayant embrassé la profession des lettres, je voulais y persévérer, à tort ou à raison, pendant tout le reste de ma vie. Le ministre répliqua que la carrière des lettres était une belle et bonne chose, mais qu’il existait des occupations plus grandes et plus importantes, pour lesquelles j’avais et devais me sentir de la vocation. Je le remerciai poliment, mais je persistai dans mon refus. J’eus même assez de modération et de générosité pour ne pas infliger à ce digne et excellent homme d’inutiles mortifications qu’il eût pourtant bien méritées. Je pouvais encore lui laisser entendre que leurs dépêches et toute leur diplomatie me paraissaient et étaient assurément quelque chose de beaucoup moins grave et de beaucoup moins élevé que des tragédies, qu’elles fussent de moi ou de tout autre. Mais ce sont gens que l’on ne convertit pas ; et moi, par caractère, je ne dispute jamais, sinon, et rarement encore, avec ceux dont les maximes s’accordent avec les miennes ; avec les autres, j’aime mieux, dès le premier mot, me tenir pour battu en toute chose. Je me contentai donc de répondre négativement. Ma résistance et mon refus arrivèrent sans doute jusqu’au roi par le canal du ministre ; car, le lendemain, lorsque j’allai le saluer, S. M. ne me dit mot à ce sujet, ce qui ne l’empêcha