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Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/371

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faire ma cour, sans passer à bon droit pour un homme extravagant, insolent et mal élevé. J’étais à peine arrivé à Turin, que mon excellent beau-frère, alors premier gentilhomme de la chambre, me sonda aussitôt avec inquiétude, pour savoir si je voulais ou non me présenter à la cour. Mais je le tranquillisai immédiatement, et lui mis du baume dans l’âme, en lui disant que c’était bien mon intention ; et comme il insistait sur le jour, je ne voulus pas différer. Dès le lendemain, j’allai chez le ministre. Mon beau-frère m’avait dit que le gouvernement était alors pour moi dans d’excellentes dispositions, que je serais fort bien reçu, qu’on avait même quelque désir de m’employer. Cette faveur que je méritais pas, et à laquelle j’étais loin de m’attendre, me fit trembler. Mais l’avis était bon, j’arrangeai mon maintien et mes discours de manière à ce qu’on ne pût ni me surprendre ni m’engager. Je dis donc au ministre que, passant par Turin, j’avais cru de mon devoir d’abord de lui rendre visite, et ensuite de solliciter par son intermédiaire la faveur d’être admis devant le roi, uniquement pour offrir mes hommages à S. M. Le ministre m’accueillit avec des manières charmantes, et je dirais volontiers qu’il me fit fête. De parole en parole, il finit par me laisser entrevoir d’abord, puis par me dire positivement, que le roi verrait avec satisfaction que je voulusse me fixer dans ma patrie ; que mes services lui seraient agréables ; que je pourrais me distinguer ; et autres niaiseries pareilles. Je tranchai droit dans le vif, et