une intelligence au-dessus du médiocre, de ce côté déjà je n’y pouvais rien apprendre ; quant à l’art dramatique en général, bien que les Français s’y donnent volontiers eux-mêmes le premier rang, à l’exclusion de tout autre peuple, toutefois mes principes n’étant pas ceux que leurs auteurs tragiques ont suivis dans leurs compositions, je n’aurais pas eu assez de flegme pour m’entendre dicter solennellement de perpétuelles sentences, vraies pour la plupart, mais qu’ils exécutent fort mal. Cependant, comme il est dans mes habitudes de contredire fort peu, de ne jamais disputer, d’écouter beaucoup et tout le monde, à la condition de n’en croire à peu près personne, je me bornais à apprendre de tous ces discoureurs le grand art de me taire.
Les six ou sept mois de ce séjour à Paris furent du moins fort utiles à ma santé. Avant le milieu de juin, nous repartîmes pour notre maison d’Alsace. Chemin faisant, j’avais, à Paris, versifié le premier Brutus, et grâce à un accident passablement comique, il m’était arrivé de refondre la Sophonisbe tout entière. Je voulus la lire à un Français que j’avais autrefois connu à Turin, où il avait passé des années. C’était un homme qui avait l’intelligence des choses dramatiques, et qui, plusieurs années auparavant, quand je lui avais lu le Philippe II en prose française, m’avait donné l’excellente idée de transporter le conseil du quatrième acte où il était au troisième où il est encore, et où il gêne moins qu’il ne le faisait au quatrième, le développement de l’action. Pendant que je lisais