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Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/418

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odieux et immérité, je pense, d’avoir fait chorus avec ces bandits, en disant ce qu’ils disent et ne font jamais, ce qu’ils ne sauraient, ce qu’ils ne pourraient jamais faire. Néanmoins j’ai imprimé le tout, parce que l’occasion s’en est offerte comme je l’ai dit, et parce que je suis convaincu que laisser des manuscrits, ce n’est pas laisser des livres, aucun livre n’étant véritablement fait et achevé, s’il n’a été imprimé avec le plus grand soin, revu et corrigé jusque sous la presse, si j’ose le dire, par son auteur lui-même. En dépit de tous ces soins, un livre peut encore n’être ni fait, ni achevé, cela n’est que trop vrai, mais sans eux, il est sûr qu’il ne saurait l’être.

Maintenant ne voyant pas autre chose à faire, en proie à une foule de sombres pressentimens, et persuadé (je le confesse avec ingénuité) que pendant ces quatorze années, ce que j’ai fait peut n’être pas à dédaigner, j’ai pris le parti d’écrire ce récit de ma vie que j’arrête à Paris, où je l’ai jeté sur le papier, à l’âge de quarante-et-un ans et quelques mois, et où j’achève le présent morceau, qui sera certes le plus considérable, le 27 mai 1790. Et je ne pense pas que je relise ces bavardages, ni même que je les regarde avant ma soixantième année, si j’y arrive, à un âge où il me sera permis de me croire au terme de ma carrière poétique. Alors, avec cette froide sagesse qu’apportent en s’accumulant les années, je reverrai cet écrit, et j’y joindrai le détail des dix ou quinze ans qui vont suivre, et que j’aurai sans doute employés à la