Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/437

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gions, pour sortir au plus vite de ce malheureux pays, nous n’y trouvâmes qu’un poste de trois ou quatre gardes nationaux avec un officier, qui ayant visité nos passeports, se disposait à nous ouvrir la grille de cette immense prison, et à nous laisser passer en nous souhaitant bon voyage. Mais il y avait auprès de la barrière un méchant cabaret d’où s’élancèrent à la fois une trentaine environ de misérables vauriens déguenillés, ivres, furieux. Ces gens ayant vu nos voitures, nous en avions deux, et nos impériales chargées de malles, avec une suite de deux femmes et deux ou trois hommes pour nous servir, s’écrièrent que tous les riches

nombre pour avoir une majorité qui vote la déchéance du roi, ce qui est le but de leurs efforts, ont fait venir le peuple brute, qui s’est chargé de consommer avec sa ruine celle de l’état tout entier. Le roi est resté tout le jour à l’assemblée. Ou leur a donné pour passer la nuit, ù sa famille et à lui, trois cellules de bernardins, dans le couvent contigu à l’assemblée, et ils y sont encore maintenant, manquant de bas et de chemises, nourris par un restaurateur, et n’ayant pas un serviteur pour eux, car le petit nombre de courtisans qui les avaient accompagnés et servis le premier jour et le second, ont été chassés avant-hier. Enfin le traitement a été et il est tel encore, que la mort auprès me semblerait une faveur. Le gouvernement est en pleine révolution. La constitution, née pourrie, est morle et enterrée. L’assemblée s’est emparée de tous les pouvoirs, provisoirement, dit-elle, et je le crois comme elle; mais elle le perdra d’une toute autre façon qu’elle se l’imagine. On a convoqué pour le 20 septembre une convention nationale, etc., etc.