Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/436

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-Blanc, les autres passeports qui nous étaient nécessaires, un par personne, tant les maîtres que les valets et les femmes de chambre, avec le signalement de chacun, la taille, les cheveux, l’âge, le sexe, que sais-je moi ? Ainsi munis de toutes ces patentes d’esclaves, nous avions fixé notre départ au lundi 20 août ; mais tout étant prêt, un juste pressentiment nous en fit devancer le jour, et nous partîmes le 18, qui était un samedi, dans l’après-dîner. Arrivés à la barrière Blanche, qui était la plus rapprochée de nous, pour gagner Saint-Denis et la route de Calais où nous nous diri-

de n’avoir jamais été soldés. Le massacre de ces malheureux dura tout le jour et le suivant.; on les cherchait partout, et partout on les tuait, dans les rues, dans les maisons, toujours trente contre un, selon le noble usage de ces misérables. Des gentilshommes restés à l’intérieur, une partie descendit dans . les cours intérieures, combattit et périt au milieu des Suisses. Le plus grand nombre parvint à forcer les grilles qui donnaient dans le jardin, et moitié en combattant, moitié en fuyant pêle-mêle avec les Suisses qui essayaient aussi de se sauver par là, ils furent les uns tués, les autres sauvés, selon les accidens ordinaires en de pareils tumultes. Le château fut envahi; il ne fut pas saccagé, mais entièrement abîmé, et tout y fut dispersé et mis en désordre. Beaucoup de voleurs furent tués parle peuple, qui crut parla légitimer son attaque. A tout prendre, le vol avoué est ici le seul des sept pèches capitaux que l’on ne porte pas en triomphe ; tous les autres n’ont fait que changer de nom et servent de base au système actuel. La raison de ce tumulte, la voici en deux mots. Les séditieux de l’assemblée ne se sentant pas assez en