Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/453

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puis les Perses d’Eschyle, et en dernier lieu, pour essayer ou donner un peu de tout, les Grenouilles d’Aristophane. Si amoureux du grec que je fusse, je ne négligeai pas le latin ; dans le cours de cette même année, je lus et j’étudiai Lucrèce et Plaute ; je lus Térence dont, par une bizarre combinaison, je me trouvais avoir traduit tout le théâtre par fragmens, sans avoir jamais lu de suite une seule de ses six comédies. Si plus tard cette traduction s’achève et se publie, je pourrai équivoquer sur la vérité, en disant que j’ai traduit Térence avant de le lire et sans l’avoir lu.

J’appris en outre les divers mètres dont s’est servi Horace, honteux de l’avoir lu, étudié, je pourrais dire appris par cœur, sans rien savoir du rhythme de ses vers. Je pris également une idée suffisante des mètres grecs dans les chœurs, et de ceux qu’ont employés Pindare et Anacréon. En somme, cette année de 1797 raccourcit mes oreilles d’un bon pied pour le moins. Je n’avais eu d’autre but, en m’imposant toutes ces fatigues, que de satisfaire à ma curiosité, de sortir de mon ignorance, et d’échapper au souci de penser au français, en un mot, de me déceltiser.