Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/455

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nages, tels que depuis on les a vus ; ensuite je ne songeai plus à ce papier. Je continuai à lire le théâtre d’Euripide dont chaque pièce ne me fit guère plus d’impression que les précédentes. Plus tard, quand je recommençai à lire, car j’avais coutume de lire au moins deux fois chaque chose, et que j’arrivai à l’Alceste, même émotion, même transport, même désir, et au mois de septembre de cette même année 1796, j’écrivis le scénario de ma pièce, bien décidé à ne jamais la faire. Cependant j’avais entrepris de traduire celle d’Euripide, qui me prit toute l’année suivante. Mais comme à cette époque je n’entendais aucunement le grec, je l’avais traduite sur le latin. Toutefois, cette préoccupation incessante de la tragédie d’Euripide m’enflammait chaque jour davantage du désir d’en faire une à ma guise ; enfin arriva ce jour de mai 1798, où mon imagination s’éprit si vivement de ce sujet, qu’en rentrant de la promenade je me mis sur-le-champ à le développer, et en ayant d’un trait écrit le premier acte, je mis à la marge : « Écrit dans le délire et les larmes. » Le jour d’après je développai les quatre derniers actes avec le même emportement, en y joignant l’esquisse des chœurs, outre la prose qui sert de commentaire ; le tout fut achevé, le 26 mai. Il n’y eut pour moi aucun repos que je n’eusse mis bas ce fardeau si long-temps porté et avec tant de persévérance. Toutefois, il n’entrait dans mes intentions ni de mettre cette pièce en vers, ni de la terminer.

Au mois de septembre 1798, continuant, comme