On rirait bien si je donnais ici la liste de ceux de mes livres que M. **…… voulait, disait-il, s’employer à me faire rendre ; elle se composait d’environ cent volumes de ce qu’il y avait de pis dans
expressions si flatteuses de votre lettre et de l’intention évidente que vous me témoignez de me rendre sans me connaître un service signalé. Voulant donc me prêter entièrement aux moyens que vous me proposez, j’écris par ce même courrier à M l’abbé de Caluso, secrétaire de l’Académie des sciences à Turin, pour le prier de vouloir bien s’entendre avec vous. Monsieur l’Ambassadeur, quoi que vous puissiez avoir à lui demander. M l’abbé de Caluso est un homme d’un rare mérite, et qui ne peut vous être inconnu de réputation. Il est de plus mon ami particulier et le seul, et vous pouvez en toute assurance vous ouvrir à lui comme à un autre moi-même sur tout ce qui me concerne.
J’ignore quel peut être le précieux dépôt auquel vous avez la bonté de faire allusion, mais ce que je sais, c’est que rien ne m’est plus cher, rien désormais n’est plus précieux à mes yeux que l’indépendance absolue de ma vie privée, et celle-ci, je la porte toujours avec moi, en quelque lieu, en quelque état qu’il plaise à la fortune de me jeter.
Croyez toutefois, Monsieur, que cela n’ôtera rien à la vive reconnaissance que j’éprouve pour la sollicitude généreuse et toute spontanée que vous voulez bien me témoigner. Je suis avec une profonde estime, etc.
Victor Alfieri.
Florence, le 28 mai 1798.