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les œuvres les plus informes de la littérature ita- KÉPONSE DE L’AMBASSADEUR.

Turin , le 16 prairial an vi de la république française (4 juin 1798, V. st.)

Monsieur le Comte,

Vous ne pouviez choisir, pour ouvrir la confidence que j’avais à vous faire, aucun intermédiaire qui me fût plus agréable que M. l’abbé de Caluso, dont je connais et apprécie la science, les talens, et l’amabilité. Je lui ai fait ma confession et lui ai remis le précieux dépôt dont je m’étais chargé. Vous reverrez des enfans qui ont fait, qui font encore, et feront de plus en plus du bruit dans le monde. Vous les reverrez dans l’état où ils étaient avant de sortir de la maison paternelle avec leurs premiers défauts, et les traces intéressantes des triples soins qui les ont corrigés.

Je remets donc entre les mains de votre ami, ou plutôt dans les vôtres, Monsieur le Comte, toute votre illustre famille.

Ne me parlez point, je vous prie, de reconnaissance. Je fais ce que tout autre homme de lettres eût sans doute fait à ma place, et nul certainement ne l’eût fait avec autant de plaisir, ni par conséquent avec moins de mérite. M. l’abbé de Caluso vous dira la seule condition que je prenne la liberté de vous prescrire, et j’y compte comme si j’en avais reçu votre parole.

Je joins ici, Monsieur le Comte, la liste de vos livres laissés à Paris, tels qu’ils se sont trouvés dans un des dépôts publics, et tels qu’on les y conserve. J’ignore comment ils y ont été placés sous le faux prétexte d’émigration. Tout cela s’est fait dans un temps dont il faut gémir, et où j’étais plongé dans un de ces antres dont la tyrannie tirait chaque jour ses victimes. Jeté depuis dans les fonctions publiques, qui ne sont pour moi qu’une autre captivité, j’ai eu le bonheur de décou-