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Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/501

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moi une réponse sur ce point, comme aussi je n’avais rien répondu à sa seconde lettre, où il fait semblant de n’avoir point reçu la mienne. Et en effet, puisqu’il était décidé à rester général français, il devait feindre de n’avoir point reçu la seule réponse que je lui eusse faite ; et de mon côté, décidé à rester libre et à garder entière ma dignité d’Italien, je devais aussi désormais éviter de paraître avoir reçu ses lettres et ses offres, de quelque moyen qu’il usât pour me les adresser.

1802. Pendant l’été de 1802 (car je suis comme les cigales, et c’est l’été que je chante), je m’appliquai tout-à-coup à versifier mes comédies développées, et avec la même ardeur, la même fureur que j’avais apportée à les concevoir et à les développer. Cette même année, je ressentis encore, mais d’une autre manière, les funestes effets d’un travail excessif. On n’a point oublié que, pour toutes ces compositions, je prenais sur mes heures de promenade et sur d’autres, mais qu’à aucun prix je ne voulais toucher aux trois heures que chaque matin je consacrais à l’étude ; aussi cette année, après avoir mis en vers deux comédies et demie, les chaleurs du mois d’août me rendirent mon inflammation à la tête, et tout mon corps se trouva couvert d’un déluge de furoncles. Je m’en serais moqué, si l’un d’eux, le roi de tous, ne fût venu se loger dans mon pied gauche, entre la cheville externe et le tendon, et ne m’eût retenu au lit pendant plus de quinze jours, avec des douleurs spasmodiques et un érysipèle qui me causa les souffrances les plus atroces