Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/513

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I.

« Ô cœur, encore palpitant de ta blessure, yeux désireux de voir, mais dont le regard est depuis long-temps noyé de larmes, voici le marbre que vous cherchez et les simples caractères où cependant se cache une grande gloire.

» Ici repose Alfieri. Hélas !.....quel grand homme ! que son amitié me fut douce ! que de foi j’avais mise en lui ! Quel chant funèbre j’espérais de lui, lorsque viendrait le jour où, avant lui, je reposerais dans la tombe !

» Moi, vieux, épuisé, désormais sans voix sur le Pinde, où, peu connu, et des derniers, j’osai, durant quelques jours, aspirer à la gloire,

» Moi, vieillard inutile, je survis à une telle douleur. Oh ! mort cruelle, qui m’as oublié pour frapper d’abord là où il y avait tant à regretter !


II.

» Elle est humble, elle est étroite la pierre qui tient maintenant ses os enfermés sous la terre, et qui, sur elle, porte son grand nom ; mais le Tibre enverra ici les beaux marbres que vainement on chercherait ailleurs.

» Et un monument sera élevé. De toutes parts on viendra l’admirer, avec plus de justice qu’on ne fait, sur les rives du Nil, les tombes fastueuses des rois de l’Egypte.

» Déjà j’entends bénir le ciseau du grand Canova, et son art, et vous aussi, ô princesse auguste, qui,