Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/243

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seurs lèvent le camp et transportent leurs tentes là où ils comptent retrouver les troupeaux, à la poursuite desquels ils s’élancent de nouveau.

Les Indiens catholiques ne font plus ces chasses ; depuis que, sous la direction des missionnaires, en même temps que bons catholiques ils sont devenus bons cultivateurs, ils tirent plus de profit de la culture que de la chasse, et leurs mœurs sont moins exposées à se corrompre que dans ces expéditions ou ils se trouvaient mêlés à toutes sortes de gens grossiers. Les tribus chrétiennes conservent encore ce qu’ils appellent la petite chasse, c’est-à-dire la chasse au cerf et au chevreuil dans leurs forêts. Cette chasse se fait toujours par des gens de la même tribu et généralement après les fêtes de Noël, lorsqu’ils reviennent de la Mission. Ceux qui veulent y prendre part, se réunissent entre eux et choisissent un chef, lequel autrefois devait être inspiré du grand Sunmesch (grand Esprit). Celui-ci fixe le jour du départ et le lieu du rassemblement où se rendent tous les chasseurs avec leurs familles et leurs bêtes de somme. Le premier soir, ils tiennent conseil et le chef, après avoir pris l’avis de tous, assigne à chacun son office et le poste qu’il doit occuper parmi les chasseurs rangés en cercle : ce cercle est d’autant plus grand qu’il y a plus de chasseurs : ainsi, pour quarante hommes, il a de quatre à cinq milles de circonférence.

Dès avant l’aube, un des chasseurs, désigné par le chef, suspend à des pieux, dans un des secteurs du cercle, des peaux de cerf à moitié brûlées, à 70 ou 100 pas de distance l’une de l’autre ; les chasseurs s’embusquent dans les trois autres secteurs, à 200 pas l’un de l’autre. Le cerf, qui veut sortir de l’enceinte, sent l’odeur des peaux brûlées et fuit vers le chasseur ; aussitôt qu’il l’aperçoit, il revient en arrière ; alors les chasseurs, sur un signal donné,