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LES SUCCESSEURS DE CARNÉADE. — PHILON.

Carnéade ; les Tyriens Zénodore et Agasiclès ; Bataces et Corydallus d’Amise ; Biton de Soles ; Asclépiade d’Apamée ; Olympiodore de Gaza ; Hipparchus de Soles ; Sosicrate d’Alexandrie ; Stratippe ; Calliclès de Larisse ; Apollonius. Parmi les Romains, Catulle[1], qui fut collègue de Marius, et à qui Cicéron donne un rôle dans les Académiques, fut aussi un des partisans de Carnéade.

Clitomaque eut à son tour un disciple célèbre, Philon de Larisse ; nous exposerons tout à l’heure ses doctrines. Les disciples de Charmadas furent Héliodore[2] Phanostrate, Métrodore[3] de Scepsis, célèbre, comme son maître, par une mémoire extraordinaire. Il fut au service de Mithridate[4].

Nous n’avons pas de renseignements sur les doctrines de ces philosophes. On pourrait être tenté de croire qu’ils inclinaient déjà vers l’éclectisme, en voyant Clitomaque également versé dans la connaissance de plusieurs systèmes[5] ceux de l’Académie, d’Aristote et de Zénon. L’histoire de la nouvelle Académie nous montre d’ailleurs une marche plus ou moins lente, mais ininterrompue, vers le dogmatisme. Toutefois, Il est plus vraisemblable encore que les successeurs de Carnéade se bornèrent à développer ses idées, sans aller beaucoup au delà. Nous verrons en effet que Philon lui-même demeura, en dépit des apparences contraires, fidèle aux vues sceptiques de Carnéade. Ce n’est que plus tard, au temps d’Antiochus, que la nouvelle Académie se rapprocha ouvertement du dogmatisme stoïcien, et finit par se confondre avec l’école de Zénon.


II. Philon naquit à Larisse[6] vers 148-140 av. J.-C.[7]. Il

  1. Ac., II, xlviii, 168.
  2. Ind. Herc., col. xxxvi, 2.
  3. Cic. De Orat., III, xx, 75 ; II, lxxxviii, 360. — Tusc., I, xxiv, 59.
  4. Strab., XIII, i, 55. — Plut., Lucul., 22.
  5. Diog., IV, 67.
  6. Stob., Ecl., II, 40.
  7. Les dates ne peuvent être indiquées que d’une façon approximative. Voici les points de repère que nous avons : 1o  d’après l’Index Herculanensis (col. xxxiii), il avait trente-huit ans lorsqu’il succéda à Clitomaque ; nous avons admis (v. supra,