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LIVRE II. — CHAPITRE V.

vint à Athènes à l’âge de vingt-quatre ans[1], et fut pendant quatorze ans disciple de Clitomaque, à qui il succéda sans doute vers 110 av. J.-C. Lorsque la guerre éclata entre Mithridate et les Romains, il quitta Athènes avec plusieurs des citoyens les plus notables, et se réfugia à Rome[2] ; il y enseigna avec grand succès, et on peut conjecturer qu’il ne quitta plus cette ville ; en tout cas, il est certain qu’il ne retourna jamais dans son pays[3]. Il mourut âgé de soixante-trois ans, vers 85-77 av. J.-C.

Avant d’écouter Clitomaque, il avait reçu dans sa patrie les leçons de Calliclès, disciple de Carnéade[4]. Il entendit aussi le stoïcien Apollodore[5].

Philon fut célèbre en son temps. Plutarque[6] nous atteste qu’il excita l’admiration des Romains autant par son talent que par son caractère. Il eut pour disciples plusieurs hommes illustres, entre autres Cicéron, qui lui témoigna toujours le plus vif attachement, et qui l’appelle un grand homme[7]. Stobée[8]

    p. 187) que Clitomaque mourut vers 110 av. J.-C. Mais, comme on l’a vu, cette date est incertaine : Clitomaque a peut-être vécu plus longtemps et Philon a pu naître à une date voisine de 140 ; 2o  Cicéron (Ac., II, IV, 11) dit que deux livres de Philon venaient d’être publiés lorsque Antiochus était à Alexandrie avec Lucullus : suivant Zumpt (Abhand. der Königl. Berlin. Akad., 1842) c’était en 84 ; suivant Clinton (Fast. Hell., t. III, p. 147) et Hermann (De Phil. Lariss. Dissert. 1a, p. 6. Götting. 1851, Gymn. progr.), en 87 ; 3o  l’Index nous apprend qu’il mourut à soixante-trois ans (col. xxxiii, 18), si toutefois on doit lire avec Bücheler ἑξῄκοντα. Lorsque Cicéron vint à Athènes, en 79, il dit (Brut., xci, 315. Fin., V, i, 1) qu’il suivit six mois les leçons d’Antiochus dans le gymnase de Ptolémée ; si Philon avait été à Athènes, Cicéron n’aurait pas manqué de le dire. Peut-être était-il resté à Rome ; il est plus probable, comme le conjecture Zeller (t. IV, p. 590), qu’il était mort.

  1. Ind. Herc., col. xxxiii.
  2. Cic., Brut., lxxxix, 306.
  3. Cic., Tusc., V, xxxvii.
  4. D’après l’Index, il aurait suivi ses leçons pendant dix-huit ans ; Zeller corrige avec raison ce texte qui fait commencer à Philon l’étude de la philosophie dès l’âge vraiment trop tendre de six ans.
  5. Ind., ibid.
  6. Cic., 3.
  7. Ac., I, IV, 13 : « … Philo, magnus vir, ut tu existimas. »
  8. Ecl., II, 40.