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la garçonne

l’aile ouverte de ses rêves. Elle n’a qu’une seule et puérile crainte ; celle de ne pas profaner, — en mordant au passage l’hostie de neige, — le corps, invisible et présent, de l’Époux Divin.

Il faudra aussi, a bien recommandé l’abbé Macahire, qu’elle se confesse, avant, de ses mauvaises pensées. Elle en a deux qu’elle a beau écarter. Les vilaines mouches se reposent sans arrêt, au lys de son attente… Sa jolie robe ! Coquetterie. Et les œufs, les œufs de Pâques ! Gourmandise. D’abord le gros, en chocolat, qu’elle recevra de Paris, et puis les moyens et les petits, en sucre de toutes les couleurs et même en vrai œuf, cuit dur dans de l’eau rouge, qui sont si amusants à chercher, à travers les touffes et les bordures du jardin !

C’est la grande affaire de tante Sylvestre, qui depuis une semaine prépare, pour tout le pensionnat, réjouissances et surprises. C’est aussi sa façon de communier. Du moins c’est l’abbé Macahire qui s’en plaint en ajoutant : « Quel dommage qu’une si brave femme soit une mécréante ! »

Il faudrait croire que ce n’est pas un péché bien grave puisque M. le curé semble le lui pardonner. Ça ennuierait bien Monique d’aller au Paradis, tandis que tante Sylvestre irait en enfer !… Mais toutes ces idées lui cassent la tête… Elle est heureuse, et il fait beau.

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