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Page:Victor Margueritte - La Garçonne, 1922.djvu/51

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la garçonne

de désintéressement même. Écoute, ma chérie. Il faut que je te fasse un aveu. Aussi bien comptais-je te mettre au courant, ces jours-ci, puisqu’il faut que nous soyons tous d’accord, avant la signature de ton contrat. Tu me fournis l’occasion… Voilà : Tu sais qu’avant d’être mon gendre, Lucien doit devenir mon associé. Tu sais d’autre part la valeur de mon invention… Je ne te parle pas de ma vie consacrée à cette recherche, de la somme d’efforts que cela représente… D’efforts, et aussi, malheureusement de tribulations !… J’ai dû, pour parvenir au but, dépenser beaucoup, beaucoup d’argent, engager plus de la moitié de notre capital. Et s’il me fallait en ce moment mobiliser l’argent de ta dot, comme j’espérais pouvoir le faire, je serais gêné, très gêné…

— Oh ! père, pourquoi ne me l’as-tu pas dit ?

— Cela me peinait. C’est alors que ton fiancé, sachant mes embarras, m’a spontanément offert pour sa part, et malgré la violence de la crise industrielle que nous traversons tous, de renoncer au versement de ces cinq cent mille francs… pourvu, naturellement, que tu y consentes.…

— Bien sûr, père, voyons !

— …et à m’en laisser la disposition.

Elle l’embrassa.

— C’est trop juste !… Pourquoi ne m’en a-t-il pas parlé ?

— Il préférait que je le fasse moi-même. Tu comprends : cela me sauverait ! Nous serions du coup à même de voir venir, sur le velours, les autres propositions qui se dessinent : White, Ransom, Plombiro… Bien entendu, ce n’est qu’un prêt que tu me fais ! Et pas à fonds perdus, sois-en sûre ! L’avenir est magni-