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la garçonne

— Je ne vous demande pas de nouvelles de monsieur Bardinot. Je sais qu’il est à la Conférence.

Ponette avait obtenu du Président du Conseil, (dont elle avait conquis, par l’intermédiaire de Plombino, la sympathie,) que son mari fit partie, comme expert financier, de la délégation française à la vingt-septième réunion du Conseil Suprême…

— Eh bien ! mes enfants, dit Monique, en revenant au fond de la loge, vous ne vous embêtez pas ! Il n’y a qu’à regarder de Laume.

— Il est de fait ! avoua-t-il…

Et montrant Cecil Meere qui exhibait à l’orchestre, avec un habit feuille morte, son air de spleen, plus dégoûté encore qu’à l’ordinaire :

— C’est sa mine funèbre qui nous fait tordre.

Monique constata :

— Il n’a jamais été plus bas.

Ils s’esclaffèrent. Michelle triompha :

— Tu peux le dire !

Et comme Monique s’enquérait, elle recommença son récit, sans se faire prier :

— Figure-toi que je prenais le thé cet après-midi chez la fille de Loth. On était cinq ou six… Plus les petits jeunes habituels. Toute la troupe enfin, excepté Ginette. Invitée, paraît-il, avec Hélène Suze, à un concert chez Anika Gobrony. Musique de chambre, je vois ça d’ici !… Nous avions donné rendez-vous à Cecil, en lui faisant croire qu’il retrouverait Sacha Volant. C’est son dernier béguin… Il est venu, naturellement. Alors, pour lui faire prendre patience, on a repris le jeu. J’adore ça, les jeux innocents !

— Si l’on peut dire, observa Max de Laume.

— Vous voyez le mal partout ! Qu’est-ce que ça a