Page:Vidalenc - William Morris.djvu/107

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que les bénéfices devaient être partagés également entre tous les associés. De 1861 à 1874 Morris n’avait guère distribué de dividendes; les premières années avaient été déficitaires, puis tout l’actif disponible avait été dépensé en améliorations, aucun de ses collaborateurs n’ayant réclamé ce qu’il pouvait légalement exiger. L’apport personnel de chaque associé n’avait été que de 500 francs, mais quand en 1874 certains réclamèrent un règlement de comptes il se trouva que la somme à verser à chacun atteignait 25.000 francs. Exiger le paiement immédiat c’était ruiner Morris et peut-être amener la disparition de la maison de décoration.

Burne-Jones, Faulkner et Philippe Webb déclarèrent renoncer au droit que leur conférait les statuts, ils reconnaissaient en effet que Morris avait seul couru tous les risques et qu’il avait eu tout le mal. Rossetti, Madox Brown et Marshall exigèrent ce qui leur revenait légalement. Des négociations fort longues et assez embrouillées suivirent ; Morris paya, l’ancienne société fut dissoute, mais il reprit sous sa seule direction la maison de décoration (elle conserva l’appellation Morris et Cie). Burne-Jones et Philippe Webb restaient ses collaborateurs et continuèrent à lui fournir de nombreux dessins.

On a donné bien des tentatives d’explication de cette crise, restée malgré tout assez obscure. Ce fut surtout un malentendu dans lequel chacun s’enferma dans ce qu’il croyait être son bon droit; il semble bien que si les dissidents avaient pour eux la loi et pouvaient invoquer le fameux article des statuts, la justice était du côté de