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Page:Vidalenc - William Morris.djvu/110

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aspects de son talent. Même inspiration d’abord. Alors qu’en art nous l’avons vu se mettre à l’école des artisans gothiques et des décorateurs de l’Ancien Orient et faire revivre les arts presque abandonnés du vitrail et de la tapisserie, de même dans ses poèmes nous le verrons évoquer un moyen âge ou une antiquité grecque selon son rêve et reprendre les plus belles légendes d’amour, de mort et de pitié des littératures d’autrefois. Sans chercher à faire besogne d’archéologue ou d’érudit il suit sa fantaisie et donne une vie nouvelle aux personnages de l’histoire ou de la fable : Jason, Médée, Pâris, Alceste, la reine Genièvre, le roi Arthur, Lancelot, Gauvain, Ogier le Danois, etc… Et tous semblent appartenir à une même famille, car Morris ne voit les sujets classiques qu’à travers une atmosphère médiévale, celle des romans de chevalerie.

Certains de ses admirateurs ont pu, à propos de son œuvre littéraire, citer le grand nom de Chaucer et rappeler que comme son illustre devancier, son maître, Morris a des qualités exquises de conteur, que de ses poèmes se dégagent à la fois le charme attirant et mystérieux des légendes irréelles et celui de la vérité. Sans doute nous ne rencontrerons pas dans son œuvre ces portraits d’un réalisme pittoresque si savoureux, cet humour qui sont la gloire de Chaucer, mais nous y trouverons parfois des passages d’une philosophie très pénétrante. Qu’on se reporte par exemple à la fuite de Médée (La vie et la mort de Jason) ou à la mort de Pâris (Paradis terrestre). Les personnages des légendes antiques ne