Page:Vidalenc - William Morris.djvu/121

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la décadence avait été rapide. L’effort même de Caslon au XVIIIe siècle, pour vivifier un art qui se mourait, n’avait pas été des plus heureux car c’est en partie à son influence que nous devons la vogue de ces caractères allongés, généralement employés aujourd’hui. Les éditions anglaises du XIXe siècle, comme la plupart des éditions européennes, étaient souvent au-dessous du médiocre, on se préoccupait de produire aussi économiquement que possible sans aucun souci de beauté. D’excellents esprits avaient déjà signalé ce qu’il pouvait y avoir de décevant et de dangereux dans cette poursuite du bon marché, qui faisait fermer les yeux sur la disparition d’autres qualités non moins précieuses, mais on ne les écoutait pas.

Puisque depuis le XVIe siècle les imprimeurs semblaient avoir perdu de vue les vraies traditions, les caractères esthétiques du livre, c’était au XVIe siècle qu’il fallait retourner, mais non pour le copier servilement, car le passé ne saurait fournir de solution toute prête aux problèmes d’aujourd’hui. Ainsi les préraphaélites retournaient aux primitifs pour recommencer une évolution que Raphaël avait, selon eux, orientée dans une voie fâcheuse.

Morris pensait qu’on avait eu tort par exemple de renoncer complètement aux caractères gothiques. Dégagées de certaines fioritures qui les rendent presque illisibles, les lettres gothiques sont d’une belle élégance sobre et d’un puissant effet décoratif, il comptait donc les employer concurremment avec les caractères romains.