Page:Vidalenc - William Morris.djvu/136

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Jusqu’en 1877, c’est un poète et un artiste soucieux uniquement de son œuvre personnelle, qui déclare que la politique ne peut l’intéresser, et conserve à l’égard des questions sociales l’attitude un peu dédaigneuse qu’il avait au sortir d "Oxford quand il écrivait : « Ma tâche, c’est la réalisation des rêves. » La seconde partie est de beaucoup, à notre avis, la plus intéressante et la plus féconde. Morris comprend que l’attitude de recueillement et d’abstention qu’il a adoptée est une véritable abdication de ses devoirs d’homme et d’artiste. Il va alors se mêler à la vie de son temps, prendre parti dans les conflits sociaux, étudier les problèmes de la transformation de l’art et réaliser dans toute sa plénitude le type de l’artiste conducteur de peuples. Pour les vieux monuments que menacent des dévots ignares ou des architectes trop zélés, pour les chrétiens massacrés par les bandes turques en Macédoine, pour les Irlandais catholiques affamés et acculés à la révolte, pour les artisans opprimés par le machinisme tout-puissant et par une législation du travail trop rigoureuse, nous le verrons intervenir ; de son argent, par la parole, par la plume, il soutiendra toutes les causes où le droit est en péril. « Le pis que ses ennemis, ou plutôt ses adversaires, pouvaient dire de lui, écrit M. Buxton Forman, c’est qu’il avait vécu en passant d’un rêve merveilleux à un autre, du rêve d’un passé légendaire et doré, au rêve d’un avenir doré possible. » Quelque intéressante que soit la propagande socialiste de Morris, quelque considérable que puisse être son rôle dans les mouvements démocratiques anglais de la fin