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Page:Vidalenc - William Morris.djvu/151

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probité, de conscience et de beauté qui requiert amour et sacrifice. C’est pourquoi il se montrait lui-même si difficile dans le choix des matériaux qu’il employait et surveillait de si près l’exécution ; qu’il s’agît des éditions de Kelmscott, des tapisseries ou des papiers peints, il exigeait des produits purs et durables et un labeur persévérant. « Qu’est-ce qu’un artiste, disait-il, si ce n’est un ouvrier qui a décidé que son travail sera excellent, quoi qu’il puisse advenir. »

Mais s’il demandait aux artisans un effort patient et continu et une scrupuleuse honnêteté, il leur enseignait aussi à avoir conscience de leur dignité, de leur valeur, à ne point suivre la mode dans tous ses caprices. Il exprimait à la fois un conseil et un espoir quand il disait : « Vous dont les mains accomplissent ces travaux d’art, il vous faut être des artistes, de bons artistes avant que le public prenne quelque intérêt à vos œuvres ; mais quand vous le serez devenus, je vous promets que vous ferez la mode et que la mode vous sera obéissante. »

Idéal de rêveur ! dira-t-on. Il faut, avant tout, que les artistes et les artisans vivent et ils ne peuvent pas toujours se permettre de refuser les commandes. Idéal évidemment ! Morris ne se contente pas de donner des conseils pour l’heure présente, il dit aussi ce qui est souhaitable et que l’avenir pourra peut-être réaliser. Il n’est pas mauvais que de telles paroles soient prononcées et il est hors de doute que certains artistes peuvent agir profondément sur leur temps, nous n’en voulons pas d’autres preuves que le succès et l’influence qu’ont eus