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Page:Vidalenc - William Morris.djvu/152

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chez nous des maîtres comme Gallé, Daum, Lalique, Plumet, Gallerey et bien d’autres encore.

Avec une véritable ardeur d’apôtre Morris s’employa à faire triompher un certain nombre de principes qui peuvent nous apparaître aujourd’hui comme de simples truismes, mais qui marquaient une salutaire réaction contre le mauvais goût contemporain. Ne nous hâtons pas trop de condamner ou de dédaigner, au nom de notre sagesse ou de notre science présente, l’effort de ceux qui vinrent avant nous, car c’est à eux souvent que nous devons d’être sages ou de savoir.

Quels étaient ces principes ?

D’abord il enseigna à ne pas confondre le goût avec le luxe, la beauté avec la richesse. Il souhaitait que l’on pût produire de belles choses à des prix modiques pour qu’elles fussent accessibles, sinon à tous, du moins à un grand nombre. Comme un leit-motiv, revient constamment dans ses conférences cette formule : « Substituer le luxe du goût au luxe coûteux. » Ce n’est pas la condamnation du luxe, mais l’affirmation de cette idée qu’il peut y avoir de la beauté dans les objets les plus humbles. Pas plus qu’une hiérarchie dans les arts, Morris n’admettait une hiérarchie dans les matériaux employés et il fut de ceux qui les premiers remirent en honneur les objets d’étain, de cuivre, de fer forgé substitués aux pièces d’orfèvrerie ou à l’argenterie ; il voulait qu’on accordât moins d’importance à la matière première et beaucoup plus au travail de l’artisan.

Avec la même énergie il réclama un art qui fût vrai-