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Page:Vidalenc - William Morris.djvu/174

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tifiée), mais pour montrer tout le chemin qui reste à parcourir. Il nous apparaît qu’en ce début du XXe siècle commence à s’élaborer chez nous un art vraiment nouveau et original, que l’idée d’un art social et populaire commence à triompher de tenaces préjugés et nous avons voulu apporter notre contribution à une cause qui n’est pas sans grandeur.


Dans un chapitre précédent nous avons montré qu’après des débuts difficiles, la maison de décoration Morris et Cie avait connu une prospérité extraordinaire. S’agissait-il là d’un succès purement commercial, d’une entreprise qui réussissait grâce aux qualités exceptionnelles, au renom même de ceux qui y avaient collaboré ? On put voir qu’il y avait quelque chose de plus puisque les concurrents ne tardèrent pas à imiter ce qu’ils avaient d’abord condamné.

On pouvait se demander cependant s’il y avait là un engouement passager, une de ces modes comme on en voit apparaître plusieurs par siècle et qui ne tardent pas à disparaître, ou si c’était au contraire l’indice d’une amélioration sensible du goût public ? Les biographes de Morris se sont trop pressés de conclure ; ceux qui travaillèrent avec lui ou le connurent personnellement, qui purent apprécier la séduction de l’homme et la beauté de son effort, qui savaient combien était lamentable l’art décoratif de 1860, étaient naturellement portés à s’exagérer l’importance des progrès accomplis, à les croire définitifs.