leur prouver que l’homme qui a failli n’est pas à jamais perdu, et qu’il peut reprendre dans la société la place qu’il y occupait précédemment.
Quelques bons livres et quelques journaux devraient être mis à la disposition des condamnés qui se montreraient dignes de cette faveur. Donner des journaux à des voleurs ! cela peut paraitre singulier au premier aspect ; quel intérêt des gens de cette sorte peuvent-ils prendre aux affaires du pays ? Aucun, sans doute. C’est justement cette coupable indifférence qu’il faut faire cesser ; et puis, laisser ignorer aux condamnés tout ce qui se passe dans le monde extérieur, c’est les attacher pour toujours à celui dans lequel ils vivent ; à une époque où des changemens si brusques et si multipliés s’opèrent dans les mœurs et dans les usages. Que veut-on que fasse celui qui, durant dix, quinze ou vingt ans, a vécu loin du monde dans lequel il se trouve rejeté, et qu’il ne connaît pour ainsi dire que par tradition.
L’adoption des mesures que je propose, et qui m’ont été inspirées par l’expérience, exercerait, j’en ai l’intime conviction, une salutaire influence sur tous les coupables, même sur ceux d’entre eux dont j’ai esquissé le portrait