Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/300

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plus de ressources que Rennes, comme on le verra tout à l’heure.

Au bout de huit jours de marche, nous arrivâmes à Nantes, où je quittai la femme aux reliques, qui logea dans un faubourg. Pour moi, je me fis indiquer l’île Feydeau. Étant à Bicêtre, j’avais appris d’un nommé Grenier, dit le Nantais, qu’il se trouvait dans ce quartier une espèce d’auberge où les voleurs se rassemblaient sans crainte d’y être inquiétés ; je savais qu’en se recommandant de quelques noms connus, on y était admis sans difficulté, mais je ne connaissais que très vaguement l’adresse, et il n’y avait guère moyen de la demander. Je m’avisai d’un expédient qui me réussit ; j’entrai successivement chez plusieurs logeurs en demandant M. Grenier. À la quatrième maison où je m’adressai, l’hôtesse, quittant deux personnes avec lesquelles elle était en affaires, me fit passer dans un petit cabinet et me dit : « Vous avez vu Grenier ?… Est-il toujours malade (en prison) ? — Non, repris-je, il est bien portant (libre). » Et voyant que j’étais bien chez la mère des voleurs, je lui dis sans hésiter qui j’étais, et dans quelle position je me trouvais. Sans répondre, elle me prit par le bras,