Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/222

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et ce tribunal qui, par une condamnation injuste, m’avait précipité dans un gouffre dont je ne pouvais plus secouer la souillure, et ces institutions qui ferment la porte au repentir !… J’étais hors de la société, et pourtant je ne demandais qu’à lui donner des garanties ; je lui en avais donné, j’en atteste ma conduite invariable à la suite de chacune de mes évasions, mes habitudes d’ordre, et ma fidélité scrupuleuse à remplir tous mes engagements.

Maintenant il s’élevait dans mon esprit quelques craintes au sujet de ce Paquay, dont j’avais provoqué l’arrestation ; en y réfléchissant. il me sembla que dans cette circonstance j’avais agi bien légèrement ; j’avais le pressentiment de quelque malheur : ce pressentiment se réalisa. Paquay, conduit à Paris, puis ramené à Auxerre pour une confrontation, apprit que j’étais encore dans la ville ; il m’avait toujours soupçonné de l’avoir dénoncé, il prit sa revanche. Il raconta au geôlier tout ce qu’il savait sur mon compte. Celui-ci fit son rapport à l’autorité, mais ma réputation de probité était si bien établie dans Auxerre, où je faisais des séjours de trois mois, que, pour éviter un éclat fâcheux, un magistrat dont je tairai le nom me fit appeler et