Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/27

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bruit de souliers ferrés m’annonça que les deux sergents s’étaient mis à ma poursuite ; bientôt, je les vis arriver sur moi sabre en main. J’étais sans armes… Je saisis la grosse clef de la maison, comme si c’eût été un pistolet, et, faisant mine de les coucher en joue, je les forçai à me livrer passage : « Passe tin quemin, François, me dit Carpentier d’une voix altérée ;… n’va mie faire de bêtises »… Je ne me le fis pas dire deux fois : en quelques minutes je fus dans mon réduit.

L’aventure s’ébruita, malgré les efforts que firent, pour la tenir secrète, les deux sergents qu’elle couvrit de ridicule. Ce qu’il y eut de fâcheux pour moi, c’est que les autorités redoublèrent de surveillance, à tel point qu’il me devint tout-à-fait impossible de sortir. Je restai ainsi claquemuré pendant deux mois, qui me semblèrent deux siècles. Ne pouvant plus alors y tenir, je me décidai à quitter Arras : on me fit une pacotille de dentelles, et, par une belle nuit, je m’éloignai, muni d’un passeport qu’un nommé Blondel, l’un de mes amis, m’avait prêté ; le signalement ne pouvait pas m’aller, mais faute de mieux, il fallait bien que je m’en accommodasse ; au surplus, on ne me fit en route aucune objection.