Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/304

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qui ont disparu depuis cinq à six ans. Aujourd’hui, chefs ou employés, tous sont dans la défiance les uns des autres ; tous se craignent réciproquement ; c’est un état d’hostilités continuelles ; chacun dans son confrère redoute un dénonciateur, il n’y a plus de convergence, plus d’harmonie entre les divers rouages de l’administration : et d’où cela vient-il ? de ce qu’il n’y a plus d’attributions distinctes et parfaitement définies ; de ce que personne, à commencer par les sommités, ne se trouve à sa place. D’ordinaire à son avènement, le préfet lui-même était étranger à la police ; et c’est dans l’emploi le plus éminent qu’il vient y faire son apprentissage : il traîne à sa suite une multitude de protégés, dont le moindre défaut est de n’avoir aucune qualité spéciale ; mais qui, faute de mieux, savent le flatter et empêcher la vérité d’arriver jusqu’à lui. C’est ainsi que tantôt sous une direction, tantôt sous une autre, j’ai vu s’organiser, ou plutôt se désorganiser la police : chaque mutation de préfet y introduisait des novices, et faisait éliminer quelques sujets expérimentés. Je dirai plus tard quelles sont les conséquences de ces changements, qui ne sont commandés que par le besoin de donner des