Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/325

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pourrait arriver plus à point, et Saint-Germain dépêcha son portier vers Annette, à qui il était recommandé de venir avec la provision. On tomba d’accord de ne rien dire devant elle, et tandis que l’on se promet de faire honneur à ma largesse, je me jette une seconde fois sur le lit, et je trace au crayon ces lignes : « Sortie d’ici, déguise toi, et ne nous quitte plus. Saint-Germain, Boudin, ni moi ; prends garde surtout d’être remarquée : aie bien soin de ramasser tout ce que je laisserai tomber, et de le porter là-bas. » Quoique très courte, l’instruction était suffisante : Annette en avait déjà reçu de semblables, j’étais sûr qu’elle en comprendrait tout le sens.

Annette ne tarda pas à paraître avec le panier de vin. Son aspect fit renaître la gaieté ; chacun la complimenta ; quant à moi, pour lui faire fête, j’attendis qu’elle se disposât à repartir, et alors en l’embrassant je lui glissai le billet.

Nous fîmes un dîner copieux, après lequel j’ouvris l’avis d’aller seul avec Saint-Germain reconnaître les lieux, et d’en examiner de jour la disposition, afin de parer à tout en cas d’accident. Cette prudence était naturelle, Saint-Germain ne s’en étonna pas ; seulement j’avais