Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/439

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fut alors, sur la proposition de M. Parisot, porté à vingt et même vingt-huit, en y comprenant deux individus alimentés du produit des jeux que le préfet autorisait à tenir sur la voie publique[1]. C’était avec un personnel si mince qu’il fallait surveiller plus de douze cents libérés des fers, de la réclusion ou des prisons ; exécuter annuellement de quatre à cinq cents mandats, tant du préfet que de l’autorité judiciaire ;

  1. Lorsqu’il était alloué des millions pour les dépenses de la police, on ne conçoit pas que l’on pût recourir à de si pitoyables ressources. Du 20 juillet au 4 août, les jeux tenus sous l’autorisation de M. Delavau rapportèrent une somme de 4,364 fr. 20 cent. C’était l’argent des ouvriers, des apprentis, auxquels on inoculait ainsi la plus funeste de toutes les passions. On ne croirait pas qu’un fonctionnaire, qu’un magistrat essentiellement religieux, ait pu se prêter à une mesure d’une telle immoralité : qu’on lise cependant la pièce suivante.
    PRÉFECTURE DE POLICE.
    Paris, le 13 janvier 1823.

    « Nous, conseiller d’état, préfet de police, etc.,

    « Arrêtons ce qui suit :

    « À compter de ce jour, les sieurs Drissen et Ripau, précédemment autorisés à tenir sur la voie publique un jeu de trou-madame, feront partie de la brigade particulière de sûreté, sous les ordres du sieur Vidocq, chef de cette brigade.

    « Ils continueront à tenir ce jeu, mais il leur sera adjoint six autres personnes qui feront également le service d’agents secrets.

    « Le conseiller d’état, préfet, etc.
    « Signé G. DELAVAU.
    « Pour copie conforme, le secrétaire-général,
    « L. Defougeres. »