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CHAPITRE IV.

dirent sur eux les épouvantables catastrophes de notre globe ! »

Qui ne reconnaîtrait à la fois dans cette dernière phrase le style de Lacépède et l’inspiration de Cuvier ? On retrouve l’un et l’autre encore dans un passage, historiquement très-curieux, sur l’une des questions fondamentales de l’histoire naturelle. Depuis longtemps on désirait savoir, dit le rapporteur, si les espèces changent de forme par la suite des temps. Les collections de Geoffroy Saint-Hilaire fournissent la solution de cette question ; car elles nous montrent ce qu’étaient un grand nombre d’espèces, il y a plusieurs milliers d’années. Mais cette solution, que Lacépède dit dès lors obtenue, qu’il annonce pompeusement comme l’un des résultats les plus importants des recherches de Geoffroy Saint-Hilaire, il ne la donne pas ; il ne la laisse pas même pressentir. Pourquoi ces prémisses que ne suit aucune conséquence ! Pourquoi ces fondements sur lesquels rien n’est construit ? En lisant le passage avec un peu d’attention, on le devine aisément. Placé entre deux collègues, l’un, chef de l’école qui soutient l’immutabilité des espèces ; l’autre, représentant, par excellence, de l’idée de la variabilité des êtres, Lacépède a dû, à la demande de Cuvier, donner une conclusion, conforme, d’ailleurs, à ses propres idées, et, à la demande de Lamarck, la retrancher aussitôt de leur commun Rapport. Il le fit, et il fit