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UNITÉ DE COMPOSITION.

essayons d’aller au delà du fait même, nous ne le pouvons que par voie de conjecture.

Est-il, cependant, bien téméraire de penser que la méditation des idées de Bonnet sur l’échelle des êtres a dû mettre Geoffroy Saint-Hilaire sur la voie de l’Unité de composition ? Une intelligence aussi éminemment synthétique n’a pu manquer d’être vivement impressionnée, dès le début, par la grandeur d’un système qui embrassait la création entière pour la rattacher au Créateur. L’enchaînement universel, admis par Bonnet, est-il une sublime vérité ? où ne serait-ce qu’une illusion philosophique ? ce devait être là, pour Geoffroy Saint-Hilaire, la première grande question à résoudre. Et non-seulement ce devait être, mais ce fut : son Mémoire sur l’Aye-aye, le premier qu’il ait composé, en fait foi. Le préambule manuscrit que nous avons retrouvé, et dont nous avons fait mention plus haut[1], prouve, de plus, que Geoffroy Saint-Hilaire rejetait à regret, mais rejetait définitivement l’échelle des êtres comme un système spécieux, séduisant, mais condamné par les faits[2]. C’est en

  1. Voyez p. 43.
  2. « Cette chaîne universelle, ce sont ses propres expressions, est une véritable chimère. » Et ailleurs : « En pensant avoir arraché à la nature ses plus mystérieux secrets, il (l’homme philosophe) se remplit d’idées capables sans doute de combler de joies enivrantes, mais aussi pleines de prestiges fallacieux et chimériques. L’esprit de système s’est emparé de son âme,…