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CHAPITRE VI.

Geoffroy Saint-Hilaire avait suivi le duc d’Abrantès, et fait avec lui la campagne. Il était à Vimeiro. Combien, dans cette funeste journée, il déplora l’insuffisance de ses études médicales, interrompues presque aussitôt que commencées ! Mais tout ce qu’il pouvait faire, il le fit. Ne pouvant se mettre au nombre des maîtres de l’art, il demanda et fut heureux d’obtenir une place parmi leurs aides. Plus d’un blessé lui dut la vie sur le champ de bataille.

Dès qu’il revint à Lisbonne, il prévit qu’il allait avoir à recommencer contre les Anglais la lutte d’Alexandrie. Il ne se trompait pas. L’ordre lui fut donné d’abandonner immédiatement toutes ses collections. Cette fois, il comprit qu’il n’y avait pas à résister de front ; il négocia. Il exposa comment il avait acquis toutes ces richesses ; jamais il n’avait usé du droit du plus fort : y recourrait-on contre lui ? Plusieurs Portugais et l’Académie elle-même de Lisbonne intervinrent en sa faveur : les Commissaires anglais décidèrent qu’il y aurait un partage. Un tiers de ses caisses lui fut accordé ; on voulut, toutefois, qu’il les reçût, non pour le gouvernement français, mais pour lui-même. Par cette concession même on avait reconnu la légitimité de ses droits : ce fut, pour lui, le point de départ d’une seconde négociation qui lui valut un autre tiers, toujours pour lui et non pour le Gouvernement. Enfin, après des difficultés sans