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ANATOMIE PHILOSOPHIQUE.

les conséquences n’étaient pas déduites : un édifice suspendu sur le vide, et de solides fondements sans édifice.

L’école de Geoffroy Saint-Hilaire pense, comme celle de Cuvier, que le premier besoin de la science est la certitude, d’où la nécessité de l’observation. Mais, en même temps elle croit, comme celle de Schelling, que l’observation ne saurait donner qu’une idée étroite et imparfaite de l’ensemble du règne animal ; que, si elle suffit pour en retracer les traits épars, le raisonnement, la pensée seuls peuvent apercevoir cet admirable réseau de rapports et d’harmonies, qui unit entre elles toutes les parties de l’œuvre du Créateur.

Voilà ce qu’il y a de commun, et voilà aussi ce qu’il y a de profondément différent entre Geoffroy Saint-Hilaire et Cuvier, entre lui et Schelling. Comme Cuvier, Geoffroy Saint-Hilaire procède des faits et de l’observation, mais il ne s’y arrête pas : il cherche à en suivre les conséquences aussi loin qu’il le peut rationnellement. Comme Schelling et ses disciples, il cherche à s’élever à une conception générale de l’organisation animale ; mais il veut la faire dériver des faits, et non la déduire d’un type idéal, admis a priori[1].

  1. Tel est le véritable caractère de la doctrine de Geoffroy Saint-Hilaire. Le Discours préliminaire et l’Introduction du tome Ier de la Philosophie anatomique, sont déjà écrits dans