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CHAPITRE X.

l’histoire naturelle, c’est évidemment la distinction nette et précise des êtres. C’est là le problème le plus élémentaire, en ce sens qu’il précède tous les autres ; mais, au fond, il est, dans la plupart des cas, complexe et plein de difficultés. Sa solution suppose, après l’observation qui fait connaître les faits, la description qui les fixe pour jamais, la caractéristique qui choisit, pour les mettre en lumière, les plus importants d’entre eux, et la classification qui les coordonne.

Beaucoup de naturalistes voient la science tout entière dans ces importants travaux préliminaires, et ils s’y livrent tout entiers ; ceux qui prétendent au delà, doivent du moins commencer par eux[1] ; et d’autant plus qu’ils veulent aller plus loin : ne faut-il pas, plus haut doit être un édifice, qu’il repose sur de plus inébranlables fondements ?

Quelques disciples de Geoffroy Saint-Hilaire, malheureusement pour la science et pour eux-mêmes, ont méconnu cette nécessité logique : c’était méconnaître, en même temps, non-seulement les préceptes, mais l’exemple de leur maître. Nul naturaliste ne s’est élevé, par de plus ardentes investigations, vers des vérités plus générales et d’un ordre plus transcendant ; mais nul non plus n’a

  1. Chacun doit suivre, dans ses propres travaux, la même marche qu’a suivie dans son évolution la science tout entière, nécessairement descriptive avant de devenir générale.